Récemment est sorti sur les écrans de cinéma le film « L’éveil de la permaculture », documentaire français d’Adrien Bellay. Le réalisateur part en France à la rencontre de plusieurs permaculteurs emblématiques, qui exposent les enjeux auxquels la permaculture tente de répondre, ses méthodes, ses réalisations. On retrouve alors les éléments fondateurs de la démarche : l’approche écosystémique, l’importance du design, la résilience.
Un point commun revient fréquemment dans les initiatives présentées : l’importance de la transmission et de la formation. Proposer des formations constitue à la fois une source de revenus importante pour les permaculteurs, mais est aussi au fondement d’une approche qui essaime très rapidement, y compris auprès de personnes a priori socialement éloignées des thématiques agricoles et écologiques.
Ce qui ressort au final est le côté très expérimental de ce développement de la permaculture. La soutenabilité économique des projets de permaculture repose souvent sur une pluralité de sources de revenus (vente des productions agricoles, formation, hébergement, activité de bureau d’étude…). Comme dans un jardin permaculturel, le projet conjugue différentes activités en relation les unes avec les autres. Mais on reste en attente de modèles économiques qui permettraient un changement d’échelle, et une moindre dépendance vis-à-vis de personnes bénévoles, par exemple à travers le woofing.
C’est finalement le propre des initiatives privées de transition de devoir passer le cap d’une structuration et d’une consolidation, et ce quelque soit le domaine (énergie, déchets, production…). C’est sans doute là un point clé dans la capacité de nos sociétés à faire face aux enjeux écologiques : passer d’une logique de projets mobilisant de petits collectifs, parfois isolés, à une logique de changement sociétaux globaux, par l’échange des pratiques, la mise en relation et la mobilisation politique, par exemple.
Emmanuel Paul de Kèpos