Lucie Vorilhon a créé en 2014 avec Maxime Fritzen les Marchés de Max et Lucie, une entreprise qui propose des paniers de produits locaux en circuit court à Clermont-Ferrand. Depuis peu, une boutique vient d’être ouverte en plein centre ville sur le même principe. Lucie revient sur les motivations qui l’ont poussée à lancer cette activité et partage sa vision sur ce secteur d’activité.
Qui êtes-vous ?
Lucie Vorilhon, 28 ans, née en Auvergne, diplômée de la Fac de droit de Clermont-Ferrand en Carrières Internationales en 2013, gérante d’une épicerie de produits locaux depuis 2014. J’aime bien : manger, écouter de la musique et comme dans Amélie Poulain, plonger ma main dans un sac de graines.
Quelle est l’histoire des marchés de Max et Lucie ?
L’histoire des marchés de Max et Lucie, c’est avant tout une histoire de deux copains du lycée, jeunes diplômés cherchant du travail qui, pour s’occuper entre deux recherches, discutent engagements politiques, mieux manger et territoire.
Pourquoi avoir voulu lancer une telle activité ?
Tout est partie d’une pensée volontairement naïve : nous voulions être des citoyens qui agissent dans la cité, pas forcément changer le monde, mais retrouver dans notre façon de consommer un sens – voir un bon sens paysan. Proposer aux volontaires des produits de qualités issus d’une agriculture paysanne et familiale, de proximité, et, d’un autre côté, proposer à des paysans un réseau supplémentaire de distribution en circuit court. Remettre la valeur de leur travail au cœur du processus économique, en leur achetant à un prix juste, et en communiquant auprès des consommateurs sur leur façon de produire.
L’agriculture est à part dans l’économie, puisque dépendant climatiquement de son territoire. Il nous paraissait donc inconcevable qu’un paysan se base sur une économie de marché nationale et internationale pour fixer ses prix. Puis qui dit circuits courts dit réduction des transports et une meilleur empreinte écologique !
Quand vous relisez le chemin parcouru, quel regard portez-vous sur les réussites et les difficultés rencontrées ?
Quand je regarde derrière, je vois certes des coups durs, de l’isolement parfois, des sacrifices, des responsabilités, quelquefois lourdes… Mais tellement de positif : du surpassement personnel, des rencontres qui enrichissent la vie, des situations d’échecs qui vous apprennent à rebondir. En bref des découvertes, qui vous rendent encore plus curieux de la vie.
Comment l’activité des marchés de Max et Lucie s’inscrit ou non dans une logique de transition écologique ?
Pour nous, il s’agit avant tout d’une transition économique, de laquelle découle nécessairement une transition écologique. Pour être plus claire, lorsque l’on n’est plus dans une démarche productiviste et capitaliste, qu’on réfléchit à faire au mieux pour le consommateur, pour le producteur et pour la planète, on s’inscrit forcément dans une logique de transition écologique non ? Recyclage, mutualisation des moyens transports, limitation des emballages, des déchets, mise en place de compost deviennent des enjeux qui coulent de sources.
Quel regard portez-vous sur les évolutions en cours dans votre domaine (l’agriculture et l’alimentation) ?
Je suis plutôt optimiste, notamment lorsque je vois de plus en plus de volontaires, que ce soit du côté des producteurs, des acteurs locaux ou des consommateurs. Il faut toutefois s’armer de patience car il reste beaucoup de travail en termes de sensibilisation. Le producteur est parfois perdu entre l’ancienne version de l’agriculture, productiviste et la nouvelle : qualitative et de proximité. Le consommateur a lui aussi du mal à se repérer entre une consommation massive et marketée, une labellisation nécessaire mais qui donne parfois lieu à des contradictions, et un choix perpétuel qui peut le rendre inflexible.
Que savez-vous de la motivation de vos fournisseurs à travailler avec vous, et de vos clients à acheter chez vous ?
Je pense qu’il y a plusieurs motivations – du moins je l’espère -, mais celle qu’on observe des deux côtés, c’est la proximité. Voir pour le producteur que c’est nous qui vendons leur produit, et, à l’inverse, voir pour le consommateur que c’est nous qui démarchons.
Quels sont les perspectives à venir pour vous et les marchés de Max et Lucie ?
Continuer l’apprentissage, toujours plus de légumes, des paniers pour les étudiants et les plus petits revenus, puis conquérir le monde à coup de tomate du jardin !
Emmanuel Paul de Kèpos