Cécilia Gana est la créatrice et la gérante du magasin Day by Day de Nancy, épicerie spécialisée dans la vente en vrac. A l’heure où de nouvelles formes de commerce apparaissent, elle nous présente son activité et la conduite de son projet.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Cécilia Gana, je suis née à Nancy, et suis aujourd’hui la gérante d’une épicerie 100 % vrac.
Comment en êtes-vous arrivée à créer une épicerie en vrac ?
Depuis toute petite, j’ai été sensibilisée à l’écologie, à la protection de l’environnement et à l’anti-gaspi (grâce à ma famille notamment). Après de longues études, orientées vers l’écologie et m’ayant mené jusqu’au doctorat, j’ai souhaité me diriger vers un métier plus concret, utile au quotidien et surtout qui ait du sens, avec un contact humain plus présent. Ayant conscience du problème de la pollution et essayant de réduire nos déchets, nous trouvions dommage, avec des amis, qu’il n’y ait pas de magasin dédié au vrac sur Nancy. Et je me suis donc lancée dans l’aventure en créant mon entreprise et en ouvrant le magasin.
Pouvez-vous nous décrire plus précisément votre activité ?
Day by day est une épicerie 100 % vrac, où les clients peuvent venir avec leurs contenants, afin de limiter les emballages (je fais la tare avant). Des contenants sont également disponibles sur place et gratuits (sacs en papier compostables et bocaux). On ne prend que la quantité dont on a besoin afin de limiter le gaspillage. Tout y est vendu au détail (les prix sont indiqués au kilo) : épicerie salée (pâtes, légumineuses, riz, gâteaux apéritifs, huiles, vinaigres,…) ; épicerie sucrée (sucres, sirops, céréales, fruits secs, farines, biscuits, chocolats, café, thé,…) mais également des produits d’entretien (vinaigre, bicarbonate, savon de Marseille, lessives, liquide vaisselle…) et d’hygiène (shampooing, déodorant et dentifrice solide)
Comment voyez-vous les attentes du grand public, et de votre clientèle en particulier, en matière de zéro déchet et de vente en vrac ?
Dans le vrac, chacun peut trouver son compte : certains viennent parce qu’ils souhaitent avant tout réduire les déchets d’emballage, d’autre plus pour le côté « je ne prend que ce dont j’ai besoin », donc pour moins gaspiller, mais aussi varier les menus. Et enfin il y a aussi le côté économique du vrac : consommer en vrac permet de faire jusqu’à 30 % d’économie si l’on compare avec des produits équivalents emballés. Ce que les gens recherchent aussi, c’est la traçabilité des produits, savoir d’où ça vient, comment c’est fait. Nous sommes donc très attentifs à cela et indiquons l’origine de chaque produit. Nous connaissons bien nos producteurs et fournisseurs, nous savons comment ils travaillent et on peut ainsi l’expliquer aux clients.
Vous avez fait le choix de créer votre activité en franchise. Quels sont les atouts et les limites de cette solution ?
Comme je n’étais pas issue d’une formation autour du commerce, je trouvais ça utile d’être accompagnée par la franchise. Pour convaincre une banque de m’octroyer un prêt, c’était aussi un petit plus de dire que j’allais être franchisée. Faire partie d’un réseau, quand on est commerçant indépendant, est aussi rassurant : on se sent moins seul, on échange souvent, on partage des astuces et bonnes pratiques entre franchisés. La franchise apporte aussi plus de visibilité, avec par exemple un site internet que je n’aurais jamais pu faire et financer en n’étant pas franchisée. L’accès également à autant de références (avec plus de 80 fournisseurs différents) aurait été impossible, je n’aurais pas pu proposer autant de produits seule. Bref, pour moi, ce ne sont que des avantages, je n’y vois aucun inconvénient ! D’autant plus que c’est un petit réseau, à taille humaine : chacun a son mot à dire, les franchiseurs sont à l’écoute de tous les gérants d’épicerie, nous travaillons ensemble. Si on veut que le vrac se développe, je pense qu’il faut aussi travailler en réseau, pour avoir plus d’impact vis à vis des fournisseurs, leur faire changer leurs modes de conditionnement, mais aussi gagner plus de visibilité vis à vis du grand public. Le bio par exemple est en plein essor et s’est fait connaître de tous grâce aux réseaux de magasins spécialisés dans les produits bio.
Les magasins de vente de vrac commencent à se multiplier : ça vous inquiète ou ça vous enthousiasme ?
C’est très encourageant, le fait que le vrac se développe. On trouve maintenant du vrac dans à peu près toutes les grandes surfaces, mais de plus en plus de magasins dédiés au vrac se développent. Je pense qu’il y a de la place pour tous et que plus on sera nombreux, plus les gens pourront facilement adopter le vrac, réduire leurs déchets, en parler autour d’eux et convaincre d’autres personnes de passer au vrac.
Quelques mots sur vos prochaines perspectives ?
Continuer à développer la gamme de produits proposés (à mon ouverture, j’avais 650 références, aujourd’hui, j’en ai quasi 850). Essayer de proposer d’avantages de produits français (aujourd’hui 60 % des références) et si possible bio (un peu plus d’1/3 des produits proposés en magasin à l’heure actuelle). Faire en sorte que le vrac se développe de plus en plus. Sensibiliser les gens à la réduction des déchets (continuer à proposer des ateliers avec des partenaires locaux autour du « mieux consommer » et « réduire ses déchets »)
Merci !
Emmanuel Paul de Kèpos