Alors que l’épidémie de Covid-19 marque à coup sûr un tournant pour tous les acteurs économiques, nous vous proposons un retour sur l’année 2019 à travers ces quelques extraits du rapport annuel de la SCIC Kèpos. L’occasion de relire notre histoire récente pour mieux nous projeter.
Rappel du contexte
Au début de l’année 2019, Kèpos était une association réunissant une douzaine de jeunes entreprises de la région nancéienne engagées dans la transition écologique. L’agenda de la structure était alors le suivant : se transformer en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) dans le courant de l’année 2019, au service de sa mission initiale : œuvrer à la transition écologique des entreprises et des territoires. Cette mission se fait aujourd’hui à travers l’animation du collectif des membres du projet, et par le portage d’une offre de conseil et de formation à destination d’entreprises plus mâtures, afin d’initier avec elles de nouvelles feuilles de route stratégiques au service de leur transition écologique et solidaire.
Notre ambition en 2019 était d’être repéré comme un acteur clé de la transition écologique de la région nancéienne. Sa réalisation devait permettre une transformation de l’association en SCIC dans les meilleures conditions. Le but en particulier était que la structure puisse être correctement financée, et bénéficier d’un premier flux de clientèle dès son lancement. Cela a passé par la réalisation d’un site Internet dédié au projet. En outre, Kèpos était très attaché à être perçu comme un outil de développement local thématisé sur la transition écologique, à la disposition du territoire et ses acteurs, qu’ils soient privés ou publics.
Etapes franchies par Kèpos en 2019
Le chemin parcouru par l’association Kèpos a été considérable. Le chantier le plus important était la transformation de l’association en SCIC Société par Actions Simplifiée (SAS) à capital variable. Celle-ci a été décidée en assemblée générale du 27 août 2019. A sa création, la SCIC comptait 44 associés, pour 43900 € de capital. Trois contrats de travail étaient signés dans la foulée, pour 1,4 Equivalents Temps Plein. Dans la foulée, le capital s’est vu consolidé par l’octroi d’une bourse de 7500 € de la Région Grand Est, et une prise de participation de 6000 € du Département de Meurthe-et-Moselle dans la SCIC. Cette opération est la première du genre sur le territoire. La Métropole du Grand Nancy a également été sollicitée sur ce point, et le dossier est toujours en cours à l’heure actuelle. Enfin, des entreprises phares du paysages local de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) de la région nancéienne ont été approchées, et certaines d’entre elles ont ou vont prendre des parts dans le projet (tel par exemple Envie Lorraine, entreprise d’insertion spécialisé dans le recyclage d’électroménager).
Le deuxième chantier était celui de la consolidation du groupe d’entreprises membres. En un an, le nombre de celles-ci a quasiment doublé : aujourd’hui, ce sont presque 20 structures qui sont réunies dans Kèpos, dans des métiers aussi divers que l’alimentation, la mobilité, la construction, le commerce, l’économie circulaire, le conseil, l’informatique, l’éducation, etc. Dans le même temps, la cohésion du groupe a considérablement augmenté : il se réunit tous les mois pour échanger, travailler ensemble et se former, notamment en invitant des universitaires ou des responsables économiques et territoriaux à parler sur des questions clés de la transition écologique. Aujourd’hui, les échanges de biens, de services ou d’informations au sein du groupe sont courants. Pour aller plus loin, Kèpos a obtenu un financement de la Métropole du Grand Nancy pour construire des offres partagées, communes à l’ensemble de ses membres. Par exemple, les professionnels de Kèpos ont conjugué leurs compétences pour créer une offre de sensibilisation à la transition écologique, qui est en train d’être portée auprès des collectivités, des structures d’éducation populaire, des entreprises, etc. Enfin, la consolidation du groupe a été concomitante de la montée en puissance de chaque membre. Chez chacun d’entre eux, des emplois ont pu être créées, des appels d’offres remportés, des financement décrochés, ou des initiatives mises en valeur dans la presse nationale. Cette émulation est très positive pour tous, pris individuellement ou collectivement.
Le troisième chantier avait trait au financement et au lancement d’un dispositif d’incubation, afin de créer de nouvelles activités en lien avec la transition écologique sur le territoire nancéien. Cela s’est fait à travers la création de « la Serre à projets ». Celle-ci est née de la réponse, par Kèpos et France Active Lorraine, à un appel à projets de la Région Grand Est en janvier 2019. Cette appel à projets a été gagné en mai 2019, avec à la clé un financement de 35000 euros par an pendant trois ans pour les deux structures confondues. Peu à peu, le Département de Meurthe-et-Moselle, la Métropole du Grand Nancy, la Ville de Nancy, le groupe AG2R la Mondiale et le Crédit Agricole ont rejoint le tour de table, permettant d’atteindre un budget annuel global proche de 80000 €. La mission de ce dispositif est de repérer sur le territoire des besoins non satisfaits, d’imaginer collectivement des solutions pour y répondre, d’étudier la faisabilité de tels projets, puis de les confier à des porteurs de projets issus de l’Economie Sociale et Solidaire. Cet outil, qui appartiendra bientôt à un réseau national connu sous le nom de « Fabrique à Initiatives », est le seul du genre en France à être thématisé sur la transition écologique et solidaire. A ce jour, ce sont sept idées qui sont à l’étude. On peut par exemple citer l’idée d’une conserverie locale, d’une cantine solidaire, d’une recyclerie, d’une trucothèque, ou d’un service de consigne du verre. Le financement et le lancement de ce dispositif est le signe que la notoriété et la crédibilité de Kèpos ont considérablement cru en l’espace d’un an.
Enfin, le dernier chantier était de faire identifier Kèpos comme un prestataire crédible de formation et de conseil sur les questions de transition écologique des organisations. Des progrès ont été faits sur ce point, mais le processus est loin d’être achevé. Ainsi, une première formation sur le thème « Comprendre les enjeux et initier sa transition écologique » a été faite auprès d’un hôtel 4* de la région parisienne, permettant de passer au révélateur les intuitions de Kèpos en matière de sensibilisation et de formation. Cette séance d’une journée a permis de trouver la bonne formule pour faire prendre conscience à des dirigeants des enjeux énergie-climat et biodiversité, afin de susciter l’envie d’agir à l’échelle d’une entreprise. Aujourd’hui, des devis pour des interventions analogues sont en cours. Mais il est bien clair que la réforme à venir de la formation professionnelle va considérablement complexifier les choses pour un acteur comme Kèpos. Dans le même temps, de premières prestations de conseil ont commencé à être menées, avec plutôt de bons retours. La démarche est toujours la même : faire mettre la transition écologique à l’agenda des entreprises et des territoires. Car c’est là une manière d’anticiper des risques, de répondre à des attentes sociales, d’impliquer ses collaborateurs ou encore d’exercer sa responsabilité sociétale.
Perspectives 2020
L’épidémie de Covid-19 qui sévit depuis quelques semaines en France et en Europe, et ses conséquences, sont un facteur de fragilisation très fort pour le projet que nous portons. Mais c’est en même temps un révélateur des lignes de faille contemporaines que nous avons collectivement repérées depuis longtemps, en particulier sur ce blog. En ce sens, cette crise sanitaire nous invite à renforcer nos actions, pour les porter de manière beaucoup plus engagée. Car notre credo réside dans la relocalisation des flux, la simplicité technologique, la sobriété énergétique, la décélération drastique du rythme des échanges, la réallocation des ressources vers les vrais besoins, et ce manière plus inclusive et égalitaire. Pour cela, nous agirons en trois directions : le renforcement de nos fonds propres, pour financer notre changement d’échelle ; l’adaptation de nos offres, pour les rendre plus ambitieuses et plus globale ; l’accentuation de notre effort de communication, car nous devons, avec d’autres, gagner la bataille des idées sur la nécessité absolue de la transition écologique.
La crise actuelle est un avertissement : c’est le moment de rentrer en transition, tous et complètement. Il n’y aura pas de deuxième chance : continuer à agir as usual signifiera une chute globale certaine, beaucoup plus violente que cette épidémie.
Emmanuel Paul de Kèpos