A l’occasion du changement d’échelle de plusieurs membres du Jardin d’Entreprises, au capital desquels la CIGALES Mirabelle a pris des parts, Samuel Colin, qui est également salarié de Kèpos, nous explique le fonctionnement de ces clubs d’investisseurs engagés dans la transition écologique. A noter qu’il est d’ailleurs partie prenante dans l’association régionale des CIGALES du Grand Est.
Faisons connaissance : qui êtes-vous ? Comment en êtes-vous venu à participer à une CIGALES ?
Je suis impliqué de longue date dans différents projets en lien avec la transition écologique (création d’une AMAP, mouvements associatifs de protection de l’environnement). Par ailleurs, mes études en école de commerce m’ont permis de me former à la gestion financière. Au delà de la vision promue par ces écoles, j’ai peu à peu découvert les impacts négatifs majeurs de la finance sur l’environnement. En d’autres termes, mon épargne placée dans une banque “traditionnelle” pouvait servir, à mon insu, à financer des projets particulièrement polluants, tels que l’extraction d’énergies fossiles, la fabrication d’armes, etc. Peu de temps après cette prise de conscience, j’entends parler du mouvement des CIGALES dans un article de l’Est Républicain. J’assiste à une réunion d’information organisée à la MJC Bazin de Nancy et j’y rencontre les futures personnes avec qui la CIGALES Mirabelle sera créée !
Pouvez-vous nous présenter l’association des CIGALES du Grand Est ?
Par définition, une CIGALES (Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire) est un regroupement de particuliers mettant en commun une partie de leur épargne pour financer des entreprises qui se lancent ou se développent. Chaque CIGALES est composée de 5 à 20 personnes. Ces dernières interviennent, la plupart du temps, en prenant des parts dans les entreprises ou en réalisant des prêts quand la prise de parts n’est pas possible. On compte aujourd’hui 13 CIGALES actives en Grand Est.
Notre association régionale les fédère et a pour principales missions :
- D’accompagner les CIGALES locales.
- De faire vivre le mouvement en interne.
- D’élargir le mouvement en favorisant la création de nouvelles CIGALES et en recrutant de nouvelles personnes.
En ce qui concerne le département de Meurthe-et-Moselle, nous comptons actuellement 5 CIGALES en activité.
Comment rejoindre une CIGALES ?
Sur ce point, chaque CIGALES est autonome et fixe ses règles. La meilleure façon de se lancer est de créer sa propre CIGALES. Prenons l’exemple de la CIGALES « Coup de pousse », initiée par Laure Hammerer, également salariée chez Kèpos, et Franck Magot, qui avait lui même été financé par deux CIGALES au lancement du projet “Les Fermiers d’Ici“. Voici ce que dit Franck :
“A la création de l’entreprise, j’ai ouvert le capital à deux clubs d’investisseurs (des CIGALES) et une personne physique. C’est sûrement le choix dont je suis le plus satisfait. Cela me permet d’échanger avec eux, de prendre du recul et de progresser. Sans ce partage, l’entreprise n’en serait pas là où elle en est en ce moment.“
Si cette idée vous tente, le premier pas à réaliser est de contacter l’association régionale pour qu’elle vous donne toutes les clés et vous accompagne à la création d’une CIGALES. Les étapes sont globalement simple, et en un rien de temps le projet sera lancé !
Quels sont ses champs d’action et en quoi le projet contribue à la transition écologique et solidaire de son territoire ? A quels types de projets a déjà participé la CIGALES Mirabelle ?
L’objectif d’une CIGALES est d’aider à faire naître sur un territoire des projets qui auraient plus de mal à émerger sinon. Les CIGALES favorisent et interviennent dans le champ plus général de l’Economie Sociale et Solidaire en apportant de l’argent « frais » au capital des structures. Les CIGALES défendent dans leurs investissement les valeurs de la Charte des CIGALES. Chaque club choisi, de façon indépendante, ses valeurs principales, qu’elles soient écologiques, sociales ou culturelles. Dans la CIGALES Mirabelle, nous sommes très attachés aux questions écologiques. Nous accompagnons actuellement pas moins de 13 projets différents, dont plusieurs font partie du Jardin d’Entreprises de Kèpos : Les Fermiers d’Ici, Mollis, Energéthic, le restaurant-coopératif Arlevie, la brasserie de bières biologiques et artisanales La Grenaille, l’épicerie Court-Circuit, Fibricoop, Vêt Ethic, la Grande Epicerie Générale (GEG) ou encore l’épicerie animée PAMBio à Pont-à-Mousson…
Au delà de l’apport financier, les cigaliers peuvent participer, si la structure le souhaite, aux réunions stratégiques et grandes réflexions sur l’avenir de l’entreprise. La CIGALES sert également de relais de communication, favorise la mise en réseau et soutient le porteur de projet lorsqu’il en a besoin.
Quelles sont les limites de ce type d’initiative ?
Le mouvement des CIGALES est nécessaire mais ne sera jamais suffisant pour financer la transition écologique. Il doit s’accompagner d’établissements financiers éthiques tels que la Nef et du changement de pratiques des banques conventionnelles. Toutefois, les CIGALES représentent un outil intéressant pour la finance au service d’une économie concrète, de proximité, réellement écologique et solidaire.
Comment envisagez-vous la suite de l’aventure CIGALES ?
La durée de vie légale d’une CIGALES est de 5 ans. Au bout de ces 5 ans, les CIGALES doivent décider si elles souhaitent se renouveler ou non. De notre côté, la dynamique est bonne chez Mirabelle et nous aimerions que le projet continue encore sur de nombreuses années. En ce qui concerne l’échelle régionale, j’aimerais que la dynamique de nouvelles créations de CIGALES accélère et qu’à terme les CIGALES se réunissent pour financer des projets à plus grande échelle !
Merci !
Alexandra Casas de Kèpos